Frôlements

Je te frôle. N’anticipe rien. Te laisse créer tes mouvements, à ton rythme. Ne te guide pas. Je te regarde et n’ai pas à patienter, car le temps que tu prends est juste. Je te vois étirer ton geste, le ralentir pour le savourer et je ne m’ennuie pas. Je tourne autour de toi et passe ma main au dessus de ton épaule. Derrière nous, Cat power chante The greatest pour la deuxième fois.

La première fois, c’est toi qui m’a donné l’impulsion. J’ai envoyé mon bras loin devant moi, doucement, avant de le laisser revenir lentement. Tu m’as laissé finir, goûter les secondes qui suivent le retour a l’immobilité. J’ai adoré. 

Quand la chanson s’est arrêtée, la deuxième fois, tu avais les yeux humides. J’étais apaisée. J’ai ressenti une infinie douceur et la joie de l’avoir fait avec toi que je ne connais pas, et que je n’ai fait que frôler. 

J’ai pensé qu’il me faudrait davantage frôler l’autre, l’ami, celle qui a l’ehpad n’est plus touchée que par des gens rémunérés.

Frôler l’autre, pour en garder une trace.

(Exercice tiré du stage de clown de mars 2024, par Emma)

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