Comment je n’écris pas

J’écris sans trop de gras. Du coup, c’est difficile.
Comment extraire la substantifique moelle d’un texte déjà découpé, garrotté, réduit à quelques mots-valises et à des formules sentencieuses à force d’être hors sol?

Chaque mot est lesté d’une pression folle. Moins il y en a, plus ils sont visibles, scrutés, insuffisants.

Mon écriture est inversement proportionnelle à la préparation de la sauce béchamel. Ça réduit au fur et à mesure que ça chauffe. A la fin, il ne reste qu’une petite croûte qui colle dans la tête.

Alors je fais diversion. Je quitte la table pour le jardin, où les mauvaises herbes m’offrent une pause que je n’ai pas méritée. Je bricole, la tête dans le moteur de recherches futiles et je me dis Merde! Bouge ton boule, remplis ! Mais je remplis pas. Je ne fais que mettre sous verre, sur blog, des mots totem dont j’exige trop.

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