Le carillon (texte pour Aurélie Challes)

Elle repose ici, la première des matières.

Sous le vert Granny Smith de l’herbe, à portée de mains.

On la prélève sans machine, doucement, avec un ami.  

Argilla Terra

Dans le chalet, à l’abri de la vitesse et des devoirs, on façonne, à sa façon. On touche, ajoute, regarde la terre prendre forme, toutes les formes. On tourne volontiers autour du pot, regarde par la fenêtre, retouche, sans modèle. Ici, on peut sculpter le sauvage, et voir apparaitre, sous les doigts d’Aurélie, des pots ventrus aux toutes petites anses, des méduses aux longues tentacules cagneuses, des vases sur pieds, avec ou sans épines, des memento mori d’une infinie délicatesse, des coupes puissantes aux couleurs mêlées de reflets dorés...

On touche ce qui ressemble à du lichen, ou du métal, et c’est de la terre. On voit des bleus, des verts qui semblent rester en mouvement, ne jamais se figer. C’est sans doute ce qui me touche le plus dans cette recherche : la lumière des couleurs glissant sur une terre sombre, irrégulière, pour partie texturée, pour partie nue, brute.

 La terre n’est alors plus seulement un sol, que l’on creuse, laboure, piétine les jours de pluie.

C’est le lieu de l’expérience et de l’audace, de la métamorphose et du feu.

Entre les mains d’Aurélie, les œuvres d’argile nous rappellent que la beauté, « le degré d’art de plus», ne résident pas dans le prêt-à-plaire, mais dans les aspérités, la liberté du geste, la fragilité de l’empreinte laissée.

www.aureliechalles.com

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